Il est important de souligner que, contrairement à l'atteinte des artères qui entraîne l'apparition de quelque chose (modification de l'aspect des pieds et douleurs), l'atteinte des nerfs n'entraîne pas l'apparition de quelque chose, mais entraîne la disparition de quelque chose (diminution des sensibilités et de la perception de la douleur), ce qui ne conduit donc malheureusement que rarement à la consultation d'un médecin pour ce motif.
Les pieds du diabétique sont des pieds normaux mais potentiellement fragiles.
Les complications augmentent avec l’ancienneté du diabète. Plus il est ancien, moins il est équilibré, plus le risque de complications augmente et notamment la neuropathie (perte de sensibilité). Des déformations (le pied se creuse), des frottements anormaux (durillons, cors, épaississement de la peau) apparaissent et ils sont malheureusement indolores. Avec ces troubles insidieux, le pied devient un pied à risque.Vous marchez sur un bout de verre, vous vous coupez, vous ne le sentez pas. Si vous avez un durillon, vous ne le sentirez pas. Cela finira par atteindre d’autres tissus, puis l’os, provoquant une grave infection.
La prévention du pied à risque
Mais ces troubles et ces complications peuvent très largement être évités par une véritable stratégie de prévention. Le médecin généraliste joue ici un rôle essentiel et, à chaque consultation d’un patient diabétique, il doit regarder ses pieds et évaluer la neuropathie, notamment par le test du mono-filament (un fil de nylon dont l'extrémité est appliquée en différents endroits des pieds).
Mais, le patient est l’acteur clé de sa propre santé. Des gestes simples et quotidiens peuvent l’aider à compenser sa perte de sensibilité et à l’alerter sur d’éventuels troubles et complications pour lesquels il devra consulter son médecin généraliste ou son podologue.
Le podologue, pour le diabétique, est l’allié privilégié.
Il réalise un bilan podologique et, comme le médecin, établit une gradation de l’état du patient par rapport aux risques de complication. C’est bien le “risque” qu’il mesure afin de mettre en place le protocole de soins approprié.
La consultation du podologue est naturellement indispensable lorsque le patient diabétique a lui même constaté des petits problèmes comme des callosités aux talons qui peuvent devenir des fissures, ou bien des épaississements de la peau mais aussi par exemple s’il a du mal à se couper les ongles.... Mais cette consultation est également indispensable en l’absence même de problèmes constatés.
L’indispensable visite annuelle chez le podologue.
En effet, le patient diabétique doit être suivi en permanence.
Une visite annuelle minimum est obligatoire, même si on a un diabète depuis 30 ans, même si on fait du marathon.
Il faut savoir se dire : “tout va bien, mais il faut quand même y aller une fois par an”. C’est un véritable réflexe qu’il faut inculquer : “je vais tous les ans consulter le podologue un peu comme je vais une fois par an chez le dentiste”. Et ceci, même si le chirurgien-dentiste n’intervient que pour un détartrage. Ainsi, avec la visite annuelle chez le podologue, c’est une sorte de “police d’assurance” de la santé de ses pieds que souscrit le patient diabétique !
En dehors de la “mesure” du risque et de l’évolution de la gradation, le podologue réalise les soins nécessaires pour lutter contre l’hyperkératose, contre la couche cornée de la peau, contre l’épaississement de l’épiderme (durillon). Il vérifie les appuis, regarde si la statique est bonne et propose les corrections si nécessaire. Dans tous les cas, il donne ou réitère les recommandations (lire plus loin les 10 conseils à suivre) dans une séance d’éducation du patient afin de prévenir le risque.
Cette prévention doit être faite tous les jours par le diabétique lui-même.
Quelques chiffres:
Le pied diabétique est un problème médical, mais aussi social et économique majeur :
En France, ce coût a été estimé à 70.000 Fr, et le coût moyen d'une hospitalisation pendant laquelle a été réalisée une amputation a été estimé à 80.000 Fr. Par ailleurs, le coût annuel global du pied diabétique est estimé à 2,5 milliards de francs (1,5 milliard pour les hospitalisations, 800 millions pour les amputations, et 200 millions pour le suivi ambulatoire).
Ceci sans parler de l'altération de la qualité de la vie, des états dépressifs, et des conséquences sociales et professionnelles (arrêts de travail) touchant le diabétique et son entourage, qui ne figurent dans aucune statistique.
Il faut «prendre ses pieds en main» (au propre et au figuré), ainsi que ses chaussures, et les regarder attentivement, d'autant plus souvent que le diabète a entraîné un haut risque de plaie.